À la découverte de la jungle d’Équateur
Le téléphone sonne à 5h50 du matin. « Oui, mademoiselle? Je suis presque arrivé, vous pouvez descendre »
Moi, je suis déjà prête depuis 4h30 du matin et j’ai révisé 5 fois mon sac à dos. Il est tôt, mais je m’en fiche, je retourne en Amazonie (ma première fois en Amazonie d’Équateur!) et je me sens comme une gamine.
Je m’installe confortablement dans le taxi colectivo où se trouvent déjà 3 voyageurs. On se salue brièvement et je m’endors. Quand je me réveille, on est entourés de hautes montagnes vertes, partout, à perte de vue, avec une brume qui leur donne un air particulièrement mystique aux lieux. Je croise mon regard un bref instant dans le rétroviseur et me rends compte que j’ai un air complètement ahuri, avec les yeux bien ronds. C’est que le paysage est fort probablement un des plus beaux que j’ai eu la chance de voir. Parfois, on croise quelques palmiers, des vaches sur le bord de la route, et des petites fermes. Il y a même des cascades verticales si hautes que je dois me pencher pour comprendre d’où elles commencent. Je suis en extase, pendant que les deux passagères à côté de moi, visiblement habituées, regardent leur smartphone.
Quand j’arrive à Huasquila, tôt le matin, c’est Bastienne qui m’accueille avec un grand sourire. C’est la copropriétaire des lieux, avec Pablo, son mari. Pendant que je mange mon petit déjeuner, elle s’occupe d’empaqueter des feuilles : « Qu’est-ce que c’est? Du thé? ». Mieux, c’est de la guayusa!
Qu’est ce que la guayusa?
La guayusa est une boisson à base de feuille, bue traditionnellement dans les communautés Kichwa d’Amazonie le matin, pour obtenir toute l’énergie nécessaire afin de bien commencer la journée, en restant éveillé et concentré. La guayusa représente un bon substitut naturel au café, antioxydant, sans les palpitations et les brûlures d’estomac que ce dernier peut engendrer.
C’est une super-plante amazonienne qui commence à gagner de la popularité ailleurs dans le monde. Aujourd’hui, Bastienne et Pablo ont une plantation de guayusa de 5 hectares, dans l’optique de pouvoir l’exporter. Ils sont en train de l’étudier pour comprendre plus en détails quels sont ses composants, car si on connaît bien ses effets positifs, on connaît peu, pour l’instant, son explication chimique. Mais au delà de ses bienfaits, il faut souligner l’importance culturelle et symbolique de la guayusa pour ces communautés car elle est consommée en groupe, à l’aube, comme un rituel de rapprochement.
Un lodge dans la jungle
« Huasquila » est le nom d’un arbre des environs, grand, avec des lianes, que je découvrirai plus tard lors d’un des excursions organisées par le lodge. En voyant la végétation abondante partout où je pose mon regard, j’ai du mal à imaginer que c’était une finca de bovins, donc simplement avec du gazon et des herbes. En effet, cette terre de 200 hectares appartenait aux parents de Pablo, et à partir de 2006, le jeune couple a eu l’idée de louer une première cabane – en se limitant au bouche à oreille- et d’initier toute une opération de reforestation. Peu à peu, la demande a grandi, au même rythme que la végétation, et c’est aujourd’hui un lodge confortable dans la jungle qui offre plusieurs cabanes, familiales et doubles. J’arrive à ma cabane en empruntant les petits chemins entourés de végétation.
Impossible de résister à l’appel du hamac. Avant même de découvrir mon bungalow, je pose mon sac, enlève mes chaussures et m’installe confortablement pour profiter de la paix, avec les bruits de la jungle en trame de fond. Divin.
Fun fact: l’endroit jouit d’un microclimat particulier où il y a moins d’humidité que dans la jungle profonde (puisqu’on est encore ici proche des Andes) et avec peu d’insectes grâce à la présence de chauves-souris qui se nourrissent de centaines d’insectes par jour!
Je me décide enfin à me lever, un peu à contrecœur, pour découvrir le lodge avant de commencer la première excursion.
Tourisme accessible en Amazonie
Si le lodge accueille tout type de clientèle (jeunes couples, retraités, familles, groupes d’enfants en sortie scolaire) c’est parce qu’il est accessible en terme de distance: d’abord, il est situé à seulement 3h en auto de Quito. L’Équateur est définitivement un pays qui me fascine par sa proximité!
Mais aussi, car il offre des installations accessibles aux fauteuils roulants. Une belle initiative, ma foi surprenante dans cette région du globe et qui est tout à leur honneur. Bastienne m’explique: « ma mère a une association pour personne avec un handicap physique à Quito et il y a quelques années quelqu’un l’a contactée pour visiter l’association, en disant qu’il voulait également voyager en Équateur. Elle m’a demandé si on pouvait s’arranger et on a commencé en installant une rampe d’accès. Il a été si enchanté qu’il est revenu nous visiter par la suite. Il a été notre premier visiteur en fauteuil et on a décidé d’étendre les installations. Aujourd’hui, on reçoit même des groupes entiers en fauteuils roulants, on est devenu un lodge accessible en Amazonie! »
Activités dans la jungle
Les sorties sont établies en tenant compte des intérêts et de la capacité physique des participants ( forcément, le rythme d’un enfant, d’un adulte ou un aîné n’est pas le même), en priorisant les petits groupes. Pour avoir une idée globale, voici les activités auxquelles j’ai participé suivent le programme standard de trois jours de Huasquila Lodge. Il existe aussi une version « aventure » et un programme de quatre jours.
1. Découverte des plantes médicinales
Pour la première excursion de la journée, je me joins à un couple dans la jeune vingtaine. On enfile nos bottes de pluies, fournies par Huasquila, et on s’enfonce dans la jungle guidés par Saul, qui est membre de la communauté locale.
Il nous fait découvrir au long du chemin les propriétés surprenantes de certaines plantes, insectes et arbres, le tout dans un cadre magnifique comme le shugriuyu qui est bon pour les infections et les inflammations, la sangre de drago (qui vient d’un arbre et a effectivement la couleur du sang!) qui est un cicatrisant naturel en plus de soigner la gastrite, lisan pour calmer les piqûres d’insectes et le piton pour les douleurs intestinales. Même les termites servent de répulsif à moustiques! La nature est une vraie pharmacie à ciel ouvert. On aura même l’occasion de goûter aux toutes petites hormigas de limon, fourmis au citron, qui doivent leur nom au fait qu’elles sont acides. Franchement pas mal, une fois qu’on en goûte une, on en veut d’autres! La marche de 1h30 à travers les petits chemins se termine en beauté avec la cascade Suyu Paqcha « l’hirondelle » haute de 12m. Saul a expliqué que le niveau de l’eau était anormalement bas, paraît-il que l’on peut même nager en temps normal, mais j’ai pourtant adoré prendre une douche naturelle!
2. Marche nocturne
Une fois la nuit tombée, nous sommes repartis pour une courte marche, munis de petites torches électriques. Après quelques minutes, Saul nous dit, « maintenant, éteignez toutes les lumières » et on se retrouve en pleine noirceur, dans une ambiance de calme surprenant. Lorsque la vue s’est adaptée à la noirceur, on remarque au sol quelques points luminescents. Ce sont des spores découverts récemment par des scientifiques. Et une fois la lumière allumée à nouveau, on voit sont simplement des branches, des feuilles, mais impossible de reconnaître leur présence. C’est une expérience plutôt intéressante.
3. Randonnée dans la jungle et baignade dans une cascade
Pour la 2e journée, je me joins à deux familles, visiblement amies, venues avec leurs enfants entre 5 et 12 ans…et même un bébé de quelques mois installé dans le porte-bébé! Ma première réaction : « comme j’aurais aimé pouvoir découvrir l’Amazonie en famille! ». Je comprendrai ensuite que les enfants sont déjà venus avec leur école et ont encouragé leurs parents à revenir.
La plus petite, toute enthousiaste, prend la tête du groupe. Elle a parfois du mal à s’arrêter pour écouter les explications de Miguel, le guide. Mais il est patient. Il lui prendra la main durant toute l’excursion, pour l’aider – par sécurité- sur les sentiers, mais aussi pour la garder à proximité.
Les sentiers sont parfois glissants à cause de la pluie, mais ça contribue au feeling d’aventure. On marche sur les petits chemins, on passe sur les ponts en bois, on descend prudemment les pentes. Lorsque je regarde le bébé porté par le papa, elle s’est endormie. Apparemment une marche dans la jungle a l’effet similaire d’une balade en voiture.
Si l’Amazonie est fascinante pour les adultes, voir les enfants admiratifs dans la plus grande sincérité me fait sourire. Les insectes sont pointés du doigt avec un « ohhh regarde ! regarde ! », ils n’hésitent pas un instant à goûter tout ce que le guide leur propose et ils gardent le pas enthousiaste même après des heures de marche.
Pendant la randonnée, on a visité une grotte au sol inondé, où se trouvent quelques chauves-souris, à la lumière de petites torches électriques. L’ambiance n’est pas lugubre, je l’ai trouvée particulièrement apaisante. Paraît-il qu’ici viennent parfois les shamans pour trouver des réponses durant un rituel, après avoir suivi un jeûne stricte. Dans les cas les plus extrêmes, les jeûnes peuvent durent jusqu’à 3 ans!
Après quelques heures de marche, on entend de l’eau couler. Les petites s’agitent, elles savent ce qui les attend : une baignade rafraîchissante dans une cascade !
Si j’avais adoré mon expérience dans l’autre cascade la veille, je dois dire que le cadre de celle-ci est digne d’un décor de film. Vous savez, ces scènes où on se dit « oh, comme j’aimerais y être »? Eh bien, j’y suis et j’en suis presque émue. Grands et petits se sont mis en maillot de bain et se sont installés dans un des bassins naturels, moi j’ai préféré simplement m’asseoir en hauteur pour contempler le paysage. Il faut dire que j’avais déjà bien mouillé mes vêtements la veille et -humidité oblige -ils n’avaient pas séché. Je voulais garder précieusement ceux que je portais au sec.
4. Visite d’une communauté locale
En après-midi, on part visiter la communauté kichwa 9 de Junio, et plus particulièrement les femmes de Sacha Waysa, qui valorisent et préservent les traditions locales à travers le tourisme. Ce sont donc une dizaine de femmes, portant leurs vêtements traditionnels avec de magnifiques cheveux longs, qui nous accueillent. Ici, on nous présente leurs activités : préparation de la chicha, de la guayusa, avec petite dégustation, artisanat, chant et danse.
Il y a quelques années, j’avais déjà passé pratiquement un mois la région Amazonienne côté Pérou, mais cette fois-ci, c’était ma première expérience en Amazonie d’Équateur. Bien sûr, il faut prendre en compte que l’Amazonie est une région gigantesque (5 500 000 km²!) avec une multitude de sous-régions avec leur propre climat, faune et flore. Ce que j’ai particulièrement aimé de Huasquila, c’est sa proximité avec Quito tout en offrant déjà une intéressante immersion dans la jungle. C’est justement ce qui le rend accessible à tous, petits, grands et aînés. Je n’ai qu’une envie, revenir avec mes nièces!
Pour en apprendre plus sur le lodge
Se rendre à Huasquila Lodge depuis Quito
- En bus : il faut se rendre au Terminal de Quitumbe (au sud de Quito) et prendre un bus jusqu’à Cotundo, le billet coûte 7$. Le trajet dure 5h. Du paradero, il faut prendre un taxi qui vous coûtera 3$
- En taxi colectivo : ils viennent vous chercher à la maison et vous déposent à Cotundo. Le tarif est de 20$, le trajet dure 3h30 environ. Auto Express tél : 0987976707. Une fois à Cotundo, vous verrez qu’il y a plusieurs camionnettes blanches qui attendent, jusqu’à Huasquila c’est 3$ (c’est en tout cas, c’est ce que j’ai payé pour 1 personne).
- Transfert privé: le lodge offre également un service de transfert privé. Renseignez-vous auprès d’eux pour connaître les tarifs!
Huasquila Ecolodge
- Wifi dans les aires communes
- Eau Chaude, électricité
- Programmes de 3 ou 4 jours, tout inclus (repas, nuitée, activités). Le check-in se fait à midi. Option de « early check in » avec petit déjeuner et activité en matinée pour un coût extra.
- Téléphone : 00593 (2) 2376-158/ 2379200 whatsapp : 00593 (0)999193682
- Email: info@huasquila.com
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Guides de voyage d’Équateur
- Acheter le guide du routard Equateur sur Amazon.fr
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Discussion10 commentaires
Magnifique! Je fus émue en regardant la beauté des lieux. C’est un privilège pouvoir les visiter. Félicitations aux administrateurs pour leur vision progressiste d’un tourisme écologique.
Oui c’est un bel effort qu’ils ont fait pour offrir un tourisme propre et responsable. L’endroit est magnifique!
Encore un article hyper complet, j’adore.
Tu sais si on trouver La guayusa en france?
Bonne question! Aucune idée, mais ça ne m’étonnerait pas (vu que ça commence déjà à être popoulaire aux États Unis) avec une petite recherche rapide je suis sûre qu’il y a moyen de trouver des infos là dessus.
Ouahhh c’est beau. Je reviens juste de la frontière Equatorienne. On s’est éclaté à compter les oiseaux rencontrés. Cette année l’Equateur s’est réveillé. Il est arrivé 3ième ( c’est un concours mondial) derrière la Colombie et le Pérou. Eh oui, on n’a pas gagné cette année. Cela démontre, s’il en était besoin, la richesse en nature de ces 3 pays.
La Guayusa, voilà un truc intéressant. J’ai déjà branché mes potes torrefacteurs et vendeurs de café en France sur le sujet, yeah. Poursuis bien, à bientôt. Philippe
Oui ils sont aussi super choyés côté oiseaux en Équateur! J’ai d’ailleurs été à Mindo après, un vrai paradis pour les fans d’ornithologie.
Nous on a préféré Limoncocha car c’était « itinérant » (2 lieux) et plus éloigné de la civilisation.. on a eu un super guide !
Pour autant, pour connaître la selva peruana et la selva ecuatoriana… la péruvienne est quand même plus impressionnante, plus « sauvage », plus intacte finalement. + ça coûte cher en Equateur !
Je pense que pour voir une telle forêt en Equateur, il faut vraiment aller très loin (et ça doit coûter un bras)
Ah c’est sûr que Limoncocha est davantage à l’intérieur de l’Amazonie, donc effectivement l’immersion devait être plus grande. Côté budget c’est vrai que l’Équateur de façon générale est plus cher (déjà $usd vs soles au Pérou). Par contre, ce que je trouve génial en Équateur ce sont les distances relativement courtes alors que tout est loin au Pérou. De Quito par exemple on peut se rendre à plusieurs endroits complètement différents en 2h-3h. De Lima en 3h j’arrive…. nulle part 😀
Bonjour,
Je vous contacte car j’ai vu votre blog qui est très intéressant et je viens d’arriver en Équateur à Guayaquil plus précisément et j’aurai voulu échanger sur les choses à faire quand on est seule et qu’on arrive dans ce pays ?
Merci d’avance
Bonjour Lea!
Alors j’ai visité Guayaquil à la fin de mon voyage en Équateur, j’espère que cet article pourra être utile: https://www.voyageperou.info/les-incontournables-a-guayaquil/
Aussi, ce serait sûrement pratique de faire partie des groupes Facebook de francophones en Équateur, ce sont toujours de bonnes ressources:
À Guayaquil: https://www.facebook.com/groups/francaisgye/
En Équateur: https://www.facebook.com/groups/385675805190318/