Une oasis dans le désert
San Pedro de Atacama est resté gravé dans ma mémoire : je revois ses petites rues bordées de maisons blanches, les chiens errants qui nous suivaient lors de nos escapades à vélo, le soleil qui nous assommait dans ce désert, l’ambiance festive à la nuit tombée …
Dans le désert le plus aride du monde
Tristes de quitter la Bolivie mais heureux de découvrir un nouveau pays, nous arrivons à San Pedro de Atacama. Et l’accueil à San Pedro a de quoi réchauffer les coeurs, car tout y est chaleureux : ses habitants, ses touristes, ses animaux, son architecture à taille humaine … et son climat !
Dans le désert le plus aride du monde, l’on peut compter sur 330 jours de soleil par an et moins de 50 mm de pluie. San Pedro est une oasis rafraîchissante située dans le bassin du Salar d’Atacama, désert de sel dans la continuité de l’immense Salar d’Uyuni. Toute cette région est absolument magnifique et foisonne de paysages contrastés.
A San Pedro, j’ai l’impression d’être dans un village hors du temps : tout est propre, pas de pauvreté apparente … Arrivant de la Bolivie, cela fait une drôle d’impression et un changement radical ! Je trouve la preuve que ce village n’est pas une illusion créée pour les touristes dans son église, construite en bois de cordusier et de cactus : c’est l’une des premières églises coloniales du continent.
Il est très agréable de se promener dans ses rues de terre : le centre ville piétonnier est toujours animé par le passage des promeneurs, flânant allègrement entre ces petites maisons. Car toutes les constructions de ce village possèdent au maximum un étage : quel plaisir de ne pas être entouré de building et autres constructions démesurées. Et ce n’est pas le seul détail architectural agréable du lieux: cette ville possède, depuis sa conception, une série de canaux ouverts qui la traversent, rafraîchissant ses rues. Un atout indéniable en plein désert !
San Pedro, un village blanc peuplé de chiens
Trois choses choses frappent lorsque l’on arrive à San Pedro : la blancheur des murs d’adobe, la haute fréquentation touristique et le nombre de chiens qui peuplent les rues.
C’est connu, au Chili, il y a beaucoup de chiens errants ; mais à San Pedro, ils sont bien différents de ceux, miséreux, que nous avons vu par la suite le long de la côte. Les chiens de ce village sont beaux et avenants. François et moi, qui craquons pour le meilleur ami de l’homme, n’avons pas pu résister : nous avons caressé le premier couple de chiens qui nous a approché. Ensuite, ils nous suivis durant toute la durée de notre séjour dans le village, nous attendant sagement devant les portes !
Pour l’anecdote, lors de notre balade à vélo hors du village, ils nous ont aussi suivis. Et nous avons eu pitié de ces pauvres bêtes qui semblaient peiner, à la traîne : nous leur avons donné notre eau … toute notre eau, vu qu’une grosse langue s’est malencontreusement retrouvée en contact avec le goulot de la bouteille ! Au milieu du désert le plus aride du monde : normal !
Le plus frustrant a été, dans les minutes suivantes, de découvrir un petit ruisseau dans lequel les chiens ont plongé allègrement. Frustration intense de ne pouvoir étancher notre soif dans le ruisseau tout comme eux !
Cela a été un vrai déchirement de les laisser lorsque nous avons pris le bus pour la côte, on les aurait bien adoptés !
Que voir et que faire à San Pedro de Atacama ?
Par ses propres moyens, il est possible de visiter deux sites : Pukara de Quitor et Aldea Tulor.
Plusieurs agences locales proposent également différents tours, nous avons opté pour ceux-ci :
– Vallée de la Luna et de la Muerte
– la Vallée Arco-Iris (Arc-en-ciel)
– les pétroglyphes
– nager (ou plutôt flotter) dans l’eau salée et voir les Yeux du Salar
Mais il est également possible de voir : les geyser du Tatio, Toconao, les thermes de Puritama, les lacs Miscanti et Miñiques, le Salar d’Aguas Calientes et de Tara, ou encore d’observer les étoiles au milieu du désert …
Beaucoup de choses à découvrir dans cette belle région !
1.Pukara de Quitor
Cette forteresse inca du XIIè, située à 3 km, donne un but intéressant à une balade dans les environs de San Pedro. L’occasion de profiter de l’ambiance du décor : chevaux, berger et moutons, petites ruelles …
Si ce n’est pas la plus belle ni la plus impressionnante des cités incas, Pukara de Quitor, construite sur le flanc d’une montagne, offre une magnifique vue sur la vallée, la région de San Pedro et du Salar d’Atacama. Et puis, voir une cité inca au Chili, c’est moins courant qu’au Pérou: cela donne aussi une idée de l’ampleur de cet empire !
2.Aldea Tulor
Pour se rendre à Aldea Tulor, nous avons loué un vélo pour une demi-journée, amplement suffisant pour faire l’aller-retour vers ce site archéologique situé à une dizaine de kilomètres.
Aldea Tulor est un ancien village (datant de -800), rassemblant des maisons circulaires en adobe, reliées par une enceinte. Il ne fait clairement pas partie des lieux à voir en priorité, car seules les fondations sont encore visibles aujourd’hui, c’est-à-dire pas grand chose.
Donc une fois de plus, ce n’est pas la site archéologique le plus impressionnant, loin de là, mais nous avons apprécié la balade en vélo dans le désert (avec les chiens !) : pédaler sous un soleil de plomb dans un paysage aride est une expérience dépaysante !
3.Les vallées « de la Luna » et « de la Muerte »
Appartenant à la cordillère de Sel, ces deux sites doivent leur nom au relief particulier qui, balayé par les vents, a donné naissance à des lieux emprunts d’une aura mystérieuse. C’est l’expédition la plus courante lorsque l’on visite la région de San Pedro de Atacama.
Après un bref passage par la Vallée del Dinosaurio (qui doit son nom au relief en forme de dinosaure, élémentaire mon cher … !), place à la Valle de la Muerte (Vallée de la Mort). Cette vallée tiendrait son funeste nom de l’infertilité de sa terre, rendue hostile à toute vie due à l’aridité et la salinité de son sol. L’ambiance étrange de ces paysages tranche avec les touristes, qui les traversent le pas léger, voire surfant sur ses dunes de sable.
Le tour se termine au soir sur la Valle de la Luna (Vallée de la Lune) pour admirer le coucher du soleil sur ce paysage lunaire. Le relief le plus marquant du décor est l’Amphithéâtre, un immense cratère de météorite : cela donne la réelle impression d’être dans un autre monde … A la petite exception près que le site est bondé de touristes, venus admirer les derniers rayons de l’astre. Il faut savoir se trouver un petit coin tranquille à l’écart, faire abstraction et profiter. A croire que les paysages énigmatiques colorés par les tons orangés ne créent pas un sentiment propice à la méditation pour tous !
4. La Vallée « Arco Iris »
La Vallée de l’Arc-en-ciel tient son nom des pierres provenant de la chaudière (d’environ 80 km de diamètre) d’un ancien volcan, donnant un aspect féérique et coloré au paysage. Ce volcan retraité s’est, à l’époque, effondré sur lui-même, provoquant un tremblement de terre et un jaillissement de lave, pétrifiée au contact de l’air libre, que l’on peut admirer encore aujourd’hui.
C’est la première fois que je me retrouvait face à un volcan effondré : j’ai beaucoup aimé récolter des cailloux de toutes les couleurs (mais en touriste responsable, je les ai laissé sur place !). Entre la lave pétrifiée, les cailloux arc-en-ciel et les vallées colorées, les lieux, contrastant avec tous les autres tours proposés, sont intéressants. Et la vallée que l’on traverse pour y arriver depuis San Pedro, avec un petit ruisseau, rend le trajet agréable : on ne décolle pas le nez de la fenêtre ! À voir si l’on a le temps de se poser pour quelques jours à San Pedro.
5.Les pétroglyphes
Amoureux des aubes de l’Humanité : ceci est pour vous ! Lorsque j’ai su que des dessins de lamas avaient été gravés sur des rochers, tels nos bisons peints dans les cavernes en Europe, j’ai tout de suite été intriguée. Mais peu d’études ont été faites sur ces lieux : le guide ne possède aucune réponse claire concernant l’âge, l’origine ou la signification de ces glyphes. Tout ce que l’on sait, c’est qu’ils remontent à plusieurs siècles avant l’arrivée des conquistadors.
Certains pétroglyphes attirent mon attention par leur bizarrerie, me laissant songeuse : un singe/humain/astronaute dans une position étrange, un loup/renard bicéphale à tête de crocodile (animal qui n’existe pas dans cette partie du globe) …
6. Ojos del Salar
On se sent bien, à San Pedro de Atacama … tellement bien qu’on y reste plusieurs jours, et que l’on justifie sa présente par quelques tours à découvrir. C’est ainsi que nous sommes repartis pour un tour (c’est le cas de le dire) qui nous emmène faire trempette dans le désert.
Direction le Salar de Atacama et ses « trous », remplis d’eau … salée, forcément ! En arrivant, j’avais ces images de personnes flottant dans la Mer Morte, lisant leur journal allongées dans l’eau : quelle sensation est-ce que cela peut procurer ? Curieuse, je rentre un orteil dans l’eau : check, tout à l’air normal, je ne vais pas m’élancer, tel Jésus marchant sur les eaux. Par contre, impossible de faire la moindre brasse, je flotte comme un bout de bois inerte : rien à faire, je ne parviens pas à m’enfoncer dans ces eaux ! Je n’ai pas lu mon journal (quelle distraite je fais, je n’ai pas pensé à le prendre avec !), mais j’ai apprécié l’expérience. A faire au moins une fois dans sa vie !
Après cette petite baignade, notre guide nous fait découvrir les Ojos del Salar (les Yeux du désert de sel) : deux lagunes immenses (lagunas de Cejar et Tebinquinche) parfaitement circulaires. Aucune explication géologique ne permet d’expliquer ces formations. Remplis d’eaux, ils paraissent sans fond. La nature peut être étrange …
Le tour se termine en douceur, avec un Pisco Sour (bienvenue au Chili !) dégusté au bord d’une lagune, au coucher du soleil.
Ce tour était beaucoup plus « touristique », dans le sens tourisme de loisir : les personnes présentes et les guides étaient différents de lors de nos précédents tours, plus culturels, historiques, géologiques … Sans doute pas un tour à faire en priorité, mais sympa !
Quelques conseils
– Le coût de la vie à San Pedro est plus élevé que dans ses villes voisines. Heureusement, malgré la petite taille des lieux, un distributeur automatique est disponible.
– Le climat de San Pedro, vu son d’altitude, est plus clément qu’au coeur du désert d’Atacama, avec des températures moins extrêmes (en été, la température maximale tourne autour des 27°).
– N’oubliez pas votre crème solaire, vos lunettes et un bon pull (les nuits sont fraîches). Et si vous venez de la côte, préservez-vous un temps d’acclimatation : le mal des montagnes peut venir perturber vos projets !
Merci à Gabrielle et Leslie de m’avoir accueillie sur Voyage Pérou !
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À bientôt sur Un sac sur le dos !
Discussion11 commentaires
Encore merci pour l’invitation : premier article 2014 pour votre nouvelle rubrique Aventure sud américaine, la classe ! 😉
J’espère avoir pu partager mes souvenirs et mon coup de coeur pour cette petite ville à l’ambiance si particulière ^^
Merci à toi Amandine! À mes 18 ans je suis partie seule à Santiago durant une semaine, et depuis je me dis que je dois vraiment retourner au Chili pour découvrir le reste! Moi aussi l’anecdote des chiens m’a fait sourire car c’est vrai qu’il y en a énormément.
Au Québec quand on voit un chien dans la rue, c’est qu’il a forcément été abandonné/oublié/etc. Je me souviendrais toujours d’avoir dit « mon dieu, c’est triste, il y a plein de chiens abandonnés ici ». On m’a répondu: « mais non ce sont des perros callejeros, des chiens de la rue! ». Une autre réalité. 🙂
Un paysage très dure, un décore tel un westerne, Franchement je m’étoufferais en parant la ba, je ne me mettrais pas à la place des habitants que dieux leurs vient en aide , y’a rien que des prières et là où il n’y a pas d’eau y’a pas de vie à mon avis
Merci pour ce partage néanmoins
BONNE ANNÉE BONNE SANTE
Merci Esther pour ton commentaire.
Le paysage est en effet très dur … et très doux en même temps. A côté de ces pleines désertes, il y a des vallées de dunes aux couleurs pastels, mais aussi des vallées avec une rivière bordée d’arbre et fréquentée par les animaux de la région. Une terre de contrastes.
Ce que j’aimerais bien voir une fois dans ma vie, c’est le jour de l’année où, après une forte pluie, le désert se recouvre de fleurs, éphémères bien sûr vu le climat. ça à l’air magique !
Bonne année et bonne santé à toi également ! ^^
Bonjour:-) et merci pour ton retour
Pour ce qui est des fleurs, tu n’a qu’aller a Dubai je crois qu’ils pourront faire ça 😉
Tu m’as fais rir avec ton anecdote sur les chiens batifollant dans l’eau et étanchant leur soif dans le ruisseau après que vous leur ayez sacrifié votre propre gourde 😉
Contente de t’avoir fait rire LadyMilonguera 😉
Cet épisode de voyage avec les chiens reste parmi mes souvenirs coup de cœur : ils étaient tellement affectueux et gentils, de vrais chiens dressés, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Par contre, sans eau en plein désert pour avoir laissé boire les chiens : les chiliens, lorsque nous avons raconté notre histoire en revenant à San Pedro, nous ont regardés comme deux touristes sans cervelle ! On s’est encore fait remarquer ! 😉
Comme j’aimerais un jour visiter l’Amérique du Sud… J’adore tes photos ainsi que tes récits, surtout la partie avec les toutous. Oui moi aussi j’adore ces bêtes à poil. <3
Merci Cindy pour ton commentaire. Je vois qu’on craque toutes les deux pour les bêtes à poils ! 😉
L’Amérique du Sud est clairement une expérience magnifique au top de mes destinations … pour l’instant ! Mais je planifie de découvrir aussi l’Amérique centrale et ses civilisations perdues; un de mes rêves ! ^^
Alors Esther trouve le paysage très dur, mais perso je le trouve plutôt différent et envoûtant. j’ai toujours aimé les paysages très désertique.
Je te vois partout aujourd’hui Alaa ! 😉
Moi aussi, j’ame ce genre de paysage – je trouve que ça a un cachet surréaliste, hors du temps.
Le côté envoutant, oui, je peux comprendre tout à fait : je peux facilement me laisser aller à rêvasser … J’aime les paysages désertiques tout comme j’aime la nature sous plein d’autres formes.
Sans doute que j’aime aussi cette variété, cette possibilité de voir des paysages très contrastés et très différents, sans les inconvénients de vivre toute l’année en plein désert aride ou au milieu de la jungle humide et étouffante.